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LAINE ET PAPIER - Marie Van Gysel


Les mots de Marie :


En quête de sens ou d'équilibre, je me sens une bête étrange parmi d'autres cherchant à former des signes, ce qui me semble le plus juste, pour exprimer mes émotions, mes désirs, mes peurs, mes ambivalences. Je suis émue par l'expressivité des dessins d'enfants, la puissance mystérieuse des peintures rupestres, cette nécessité première que nous avons de créer.

Loin de prétendre à des formes inédites, je trouve mon inspiration dans l'artisanat séculaire, les mythes et les symboles.

Je choisis les couleurs comme des vecteurs d'énergies singulières, elles reflètent les variations de mes humeurs. J'ai besoin de naviguer entre différents médiums : la laine, le dessin, le collage, la terre, l'impression, comme autant de rapports au temps, à l'énergie que je traverse. Je suis attentive au surgissement des formes, guidée par la sensibilité et le rapport émotionnel. Le travail de la matière me permet de porter l'attention sur la nature même du matériau et de me laisser orienter par lui. Le temps de la transformation inscrit mon corps petit à petit dans la sérialité, un rythme. Par la répétition du geste, je développe un motif, une écriture intime et primitive."

"Pour faire un collage j’aime prendre le temps de ressentir comment vibrent les couleurs entre elles, choisir celles qui s’accordent le mieux au moment présent. Je découpe des formes, les déplace, les superpose. Je ne veux pas définir ce que c’est à l’avance, c’est un puzzle que je découvre. Une forme amène une autre, petit à petit elles deviennent : figure, motif, monstre, paysage,… A un moment l’image trouve son équilibre, il n’y a plus rien à ajouter."

"La laine feutrée s'obtient grâce à de la laine brute, cardée, posée en plusieurs couches superposées, par frottage avec de l'eau et du savon. J'aime ce matériau parce qu'il offre une multitude d'explorations dans ma création. Je travaille la laine comme de la peinture, de la sculpture. La laine change d’état au fur et à mesure de sa transformation, elle offre un rapport sensible chaque fois renouvelé, une attention qui demande tour à tour force ou délicatesse : Récupérer la laine brute, la laver, la trier, la carder, la filer, la teindre, la tisser, la tricoter ou la feutrer. La filière laine était autrefois très présente en Europe, le travail du fil et du feutre sont présents dans beaucoup de pays et remontent à nos origines. Cet artisanat s'inscrit dans notre humanité. J'aime à penser que dans ma gestuelle je m'inscris dans la répétition de gestes de femmes et d'hommes à travers le monde et le temps. Aujourd'hui la plupart de la laine part au rebut, je cherche à me rapprocher d'éleveurs et de personnes qui valorisent la laine dans nos régions pour la transformer.

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